Une Réparation

Un film de Michèle BOURGEOT - 72 mn. Documentaire : Le procés de l’affaire Jacques CVILINSKY, chirurgien, grand notable marseillais accusé de viol sur sa nièce. VIA OCCITANIE. 2018

 Le film suit le parcours du combattant de Jessika, une victime de viol. En 2008, Jessika porte plainte et espère que l'action judiciaire l'aidera à tourner une page. Elle est défendue par un avocat de l'association Enfance et Partage. L'accusé est médecin. Il est un notable marseillais et aussi l'oncle de la victime. Il nie l'accusation. En 2017, il est jugé en première instance à la cour d'appel d'Aix-en-Provence et reconnu coupable. Condamné à 12 ans de réclusion, il fait appel de ce jugement. Au bout de quelques mois de détention, il est libéré en attendant son second procès. Le procès en appel a lieu, au printemps 2019, à la cour d'appel de Draguignan. L'accusé comparaît libre et il se soustrait habillement de son procès en appel, avant son terme. Ce stratagème laisse très amère la victime qui y voit une possibilité infinie d'échappatoires pour un homme qui a déjà été reconnu coupable de viols. Cette affaire tristement banale est une sorte de paradigme qui pourrait illustrer l'adage : Trop de droit tue le droit. Au printemps 2020, un troisième procès reprend à la cour d'appel de Draguignan. L'accusé est reconnu coupable et condamné à 15 ans de réclusion. La victime est satisfaite, sa parole a été crue. L'accusé fait un pourvoi en cassation car il estime que son procès n'a pas été équitable puisqu'il a été écourté, dû au confinement général, lié à la pandémie du Covid. L'accusé va en prison et son état de santé de détériore. Son avocat demande sa remise en liberté en attendant la décision de la cour de cassation. L'accusé est libre de nouveau et assigné à résidence à Marseille. Le pourvoi en cassation est rejeté. Ce qui signifie qu'il n'y aura pas de quatrième procès et que l'accusé est désormais reconnu coupable.

 L'accusé ne respecte pas son assignation à résidence à Marseille et retourne de - son propre gré - dans sa maison en Corse. L'air de la Corse lui fait du bien car il peut de nouveau faire des barbecues dans son jardin et du Zodiac dans la baie de Calvi. Les victimes sont consternées, elles voient là un énième outrage à la Loi et des associations de victimes se mobilisent. Le parquet prend peur, vient interpeler le condamné chez lui à l'automne 21 et l'incarcère de nouveau à Draguignan où il se trouve toujours en mai 2022. Depuis, l'état de santé du condamné a recommencé à se détériorer et son avocat a demandé au juge d'application des peines de le faire sortir de prison. En mai 2022, le juge d'application des peines de Draguignan a refusé sa remise en liberté pour raisons médicales mais l'avocat du condamné a fait appel de cette décision. Cette histoire est l’archétype même de l’utilisation maximale des droits de l’accusé, qui grâce à son pouvoir financier et social échappe à la justice, le plus possible. L'heure est à la libération de la parole. Pourtant, quand on mesure le parcours kafkaïen de cette victime, on ne peut que s'interroger sur la pertinence d'une telle entreprise. Comment tenir le coup aussi longtemps ? Jessika déploie une énergie hors norme pour aller jusqu'au bout de sa démarche. Jessika a souhaité rencontrer des députés qui travaillent à l'amélioration des Lois de protection des femmes et leur rappeler l'urgence d'une prise de conscience politique sur ce problème singulier. La justice peine à condamner et à faire incarcérer les prédateurs sexuels. Parfois elle n'y arrive pas du tout. Alors que dire ? Continuer à encourager les victimes d'agressions sexuelles à porter plainte même si leurs démarches n'aboutissent presque jamais à une condamnation ? Certainement. Peut-être aussi, suggérer que la justice offre une médiation imparfaite et qu'elle se doit de réinventer ses propres formes.

 

 

 

 

 

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