Agustín Et Le Pishimisak

Un film de Pierre DA SILVA - Durée : 52 minutes

Sur les hauteurs de Silvia, en pleine Colombie picaresque vit un être unique. Une insondable énergie, une souveraineté proverbiale, un esprit légendaire. Le grand Pishimisak n’est pas qu’un conte pour effrayer enfants et grands. Il existe, réellement. D’aucuns pensent qu’il est invisible, errant sur le páramo en quête d’âmes à tourmenter. D’autres, plus pragmatiques, croient en lui, force organique, et en sa capacité à influer le destin de tout un peuple. Une foi inébranlable prenant sa source dans une myriade d’histoires, s’étalant sur plusieurs siècles.

Mais qui est-il vraiment ? Créature fantasmagorique, ou être fait de chair et de sang, châtiant les vivants, et choyant les morts ?

Lorsque je rencontre mon premier Misak, dans la région de Popayán, je ne peux me départir d’un large sourire. Ils sont beaux. Si beaux. Les hommes arborent fièrement une jupette bleu vif quand, dans un souci d’harmonie esthétique, les femmes transforment l’étoffe électrique en pèlerine flamboyante. L’éclat est saisissant ; l’ensemble, sublime.
La plupart des Misaks, ces bienheureux fils de l’eau, ont tout pour eux. L’ancrage dans le passé, la tradition, l’ouverture sur l’avenir, et une invraisemblable capacité d’adaptation. Véritable pont entre deux mondes, ils semblent prendre le meilleur des deux, pour délaisser le reste.
Alors que je questionne les membres de la tribu, une vieillarde me le dit sans détour : « Agustin... ne va surtout pas chez lui, c’est le Pishimisak ! »